Journal canadien d'archéologie volume 29, numéro 2
Notes du rédacteur
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Une recension des écrits récents sur la complexité sociale chez les chasseurs-cueilleurs préhistoriques révèle une certaine tension entre approches généralistes et particularistes en archéologie. Nous identifions deux grandes divisions parmi les approches aux chasseurs-cueilleurs complexes en archéologie. D’une part, il y a celles qui définissent la complexité, et d’une autre part, celles qui la décrivent. Il y a aussi celles qui cherchent l’origine de la complexité sociale dans le développement de l’inégalité et celle qui la voit plutôt dans le développement de la spécialisation. Celles qui définissent ont tendance à mettre l’accent sur la spécialisation et les lois générales du développement social, tandis que celles qui décrivent cherchent l’origine de la complexité dans l’inégalité sociale et le contexte historique particulier. Il semble y avoir un vide dans la littérature là où devraient se trouver des approches qui définissent la complexité tout en identifiant l’inégalité comme moteur de changement, ou qui décrivent la complexité en se concentrant sur le rôle de la spécialisation. Les approches descriptives-particularistes et définissantes-généralistes jouent toutes deux un rôle important dans la résolution du casse-tête de l’origine de la complexité sociale, qui est un des problèmes théoriques et méthodologiques les plus importants en archéologie.
Les communautés qui participaient à la sphère d’interaction Meadowood pendant la période du Sylvicole inférieur (3,000–2,400 AA) furent parmi les premiers groupes à utiliser de la poterie dans le Nord-Est américain. Des fouilles archéologiques au site de Batiscan, effectuées dans les années 1960, ont livré l’une des collections de poterie Vinette I les plus abondantes documentées jusqu’à ce jour. L’analyse de cet assemblage céramique a révélé que la poterie Vinette I n’est pas aussi homogène que l’on a tendance à le croire. En effet, des variations par rapport à la définition typologique existent autant à l’intérieur d’une même collection, qu’entre diverses collections céramiques du Sylvicole inférieur. Certains éléments diagnostiques, comme la présence de battoir cordé sur les surfaces extérieures et intérieures des vases et l’absence de décoration, sont remis en question par cette étude. Il se pourrait qu’une partie de cette variabilité soit chronologique et que le site de Batiscan reflète davantage la fin de la période du Sylvicole inférieur. D’autres facteurs, comme la fréquence de la production et la possibilité que certains vases aient été échangés, doivent toutefois être considérés lorsque l’on tente d’interpréter la variabilité de la poterie Vinette I.
Le ré-examen de matériaux extraits de tombes à Eriksdale et conservés par le Département d’Anthropologie de l’Université du Manitoba a révélé des faits importants concernant la période Archaïque Récente, ou période Pré-contact Moyenne de la région Entre les Lacs de la province du Manitoba. Les restes de deux individus et des objets associés furent analysés. Les dates de radio-carbone pour ces individus étaient de 3,470 ± 40 et 3700 ± 60 BP. La diversité remarquable des objets associés à ces restes humains justifiait cette nouvelle étude, qui révèle des informations importantes sur le mode de vie d’individus occupant cette partie de la province il y a 3,750 ans. L’un des deux individus étudiés possédait la pointe du type Lac Pélican la plus ancienne qu’on aie trouvée au Manitoba, même plus ancienne que la date généralement acceptée pour l’apparition de ce style de pointe. Les objets associés suggèrent que durant cette période des courants d’échange trans-continentaux se créaient. La collection contient aussi des tubes décorés faits d’os d’oiseaux qui sont rarement trouvés dans des sites de cette période. L’origine des deux individus est incertaine, mais la proximité des deux tombes et le fait qu’elles sont séparées temporellement par plus de deux siècles, suggèrent que cette région était un lieu de passage et un lieu de résidence habituelle.
Les interrogations archéologiques sur les niveaux lacustres concernent souvent la viabilité des occupations riveraines. Elles se compliquent lorsque le niveau ‘naturel’ du lac est inconnu, en raison de l’aménagement de barrages. Toutes ces variables sont réunies au lac Mégantic, dans le sud-ouest du Québec, où la séquence culturelle remonte à plus de 12,000 ans. Ainsi, le site de la Plage-Duquette a accueilli une occupation importante à deux moments, 8800–7800 et 6800–5800 cal BP, mais sa basse élévation remet en question sa viabilité au printemps. En 2003, lors des prospections subaquatiques, nous avons identifié le rivage d’avant 1893, date du premier barrage sur le lac. Des analyses géologiques d’une terrasse submergée ont montré que cette zone a émergé pendant des centaines ou des milliers d’années à un moment post-glaciaire non identifié. Ce résultat semble être corroboré par plusieurs études de petits lacs dans le Nord-Est qui montrent une baisse généralisée des niveaux, par rapport au niveau actuel, entre 8800 et 5100 cal BP. L’écart de 4 mètres entre le niveau lacustre de l’Holocène moyen et celui d’avant 1893 au lac Mégantic entraîne une réévaluation des sites riverains préhistoriques. Deux conclusions principales découlent de cette étude: que le niveau du lac Mégantic fut sensiblement plus bas à l’Holocène moyen qu’aujourd’hui et que ce niveau modifie notre compréhension du site de Plage-Duquette et d’autres sites à proximité.
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