Journal canadien d'archéologie volume 33, numéro 2
Notes du rédacteur
Articles
Dans une série d’articles, Prentiss et al. (2003, 2005, 2007, 2008) ont proposé que les grands villages et les grandes résidences de la partie centrale du fleuve Fraser (en Colombie Britannique) se sont formés assez tardivement dans la préhistoire (c. 1600–800 cal B.P.) et n’ont duré que quelques siècles. Selon eux l’inégalité socioéconomique s’est développée encore plus tard (c. 1200–800 cal B.P.). Prentiss et al. suggèrent que les changements climatiques seraient à l’origine de ces événements ainsi que de la disparition des grands villages. Nous doutons de leurs conclusions sur plusieurs plans: des méthodes inappropriées pour déterminer la date de ces événements; des données provenant du site Keatley Creek qui indiquent un développement de plus longue durée; des interprétations paléoclimatiques qui sont incomplètes; et des contradictions au sein de leurs explications climatiques pour les changements culturels. Les preuves géochronologiques et paléoécologiques (comprenant des données jamais considérées auparavant) combinées aux preuves archéologiques favorisent l’interprétation du développement des grands villages et témoignent d’une complexité socioéconomique bien antérieure à celle envisagée par Prentiss et al. (2003, 2005, 2007, 2008).
La fouille récente du site de Boardwalk, dans la baie de Prince Rupert, nous a donné de nouveaux aperçus sur la subsistance et les évènements qui se sont déroulés dans la baie, entre 2200 et 950 avant le présent. Le poisson, en particulier le saumon, avait un rôle bien plus important qu’on ne le croyait auparavant, tandis que les mammifères et les oiseaux comptaient pour moins de 10% de la faune. 2200 ans avant le présent, le site de Boardwalk était occupé principalement en automne et en hiver, la subsistance se basant essentiellement sur le saumon, et se complétant de quelques mammifères et oiseaux, mais de très peu de mammifères marins. Aux alentours de 2000 ans avant le présent, les dépôts se sont interrompus dans certaines parties du site, puis d’autres villages de la baie ont été abandonnés. Ces évènements coïncident avec une instabilité climatique documentée, une augmentation des conflits humains et une différenciation croissante des statuts. Environ 1200 ans avant le présent, la faune s’est multipliée par six à Boardwalk, et les indicateurs saisonniers démontrent très nettement que le site était occupé toute l’année. Les habitants tiraient davantage parti des ressources maritimes, en particulier des mammifères marins, le saumon restant toujours un aliment de base. Au fil du temps, malgré l’instabilité et les changements qui se sont produits dans la baie, le site de Boardwalk détenait clairement une position unique comparativement aux autres sites.
Nous étudions l’histoire de la réserve de parc national des Îles-Gulf au niveau de la mer en datant, par le radiocarbone, des échantillons organiques paléomarins et archéologiques. Ces travaux mettent en évidence le problème de visibilité des sites de plus d’un ou de deux millénaires situés près des côtes dans cette région. Ils montrent également l’importance de voir à ce que les évaluations archéologiques comprennent des enquêtes systématiques, notamment des essais à la pelle et à la tarière, dans la zone intertidale.
Une bonne compréhension des variations du niveau de la mer est essentielle à la modélisation des habitats du passé sur la côte Nord-Ouest. Bien que la relation complexe entre terre et mer ait été documentée pour les périodes glaciaire tardive et post-glaciaire immédiate dans le détroit de Georgia, il n’existe que peu de données pour les changements plus récents. Ici, nous évaluons un modèle du niveau relatif de la mer, conçu pour la Réserve de parc national du Canada des Îles-Gulf par Fedje et al. (2009), en fonction de données archéologiques recueillies dans les sondages de deux sites côtiers du sud des îles Gulf en Colombie britannique. Les données correspondent bien à l’élévation d’environ 1,50 m. du niveau de la mer, hypothèse avancée par Fedje et al. pour les quatre derniers millénaires. Cependant, la variation du niveau de la mer, quoique considérable à long terme, semble s’être produite progressivement, et non par à-coups. De plus, on peut considérer que l’évolution du paysage côtier et les processus de formation des sites archéologiques font assez précisément apparaître les variations relatives du niveau de la mer et la manière dont celles-ci sont liées à l’activité humaine du passé au sud des îles Gulf.
Dans une série d’articles, Prentiss et al. (2003, 2005, 2007, 2008) ont proposé que les grands villages et les grandes résidences de la partie centrale du fleuve Fraser (en Colombie Britannique) se sont formés assez tardivement dans la préhistoire (c. 1600–800 cal B.P.) et n’ont duré que quelques siècles. Selon eux l’inégalité socioéconomique s’est développée encore plus tard (c. 1200–800 cal B.P.). Prentiss et al. suggèrent que les changements climatiques seraient à l’origine de ces événements ainsi que de la disparition des grands villages. Nous doutons de leurs conclusions sur plusieurs plans: des méthodes inappropriées pour déterminer la date de ces événements; des données provenant du site Keatley Creek qui indiquent un développement de plus longue durée; des interprétations paléoclimatiques qui sont incomplètes; et des contradictions au sein de leurs explications climatiques pour les changements culturels. Les preuves géochronologiques et paléoécologiques (comprenant des données jamais considérées auparavant) combinées aux preuves archéologiques favorisent l’interprétation du développement des grands villages et témoignent d’une complexité socioéconomique bien antérieure à celle envisagée par Prentiss et al. (2003, 2005, 2007, 2008).
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ISSN: 0705–2006 | ISSN: 2816-2293 (online)