Journal canadien d'archéologie volume 35, numéro 1
Notes du rédacteur
Articles
Pour les personages clés de l’histoire de l’archéologie comme Sir Daniel Wilson, les études archéologiques de l’Écosse étaient liées aux études archéologiques et ethnologiques du Canada. L’établissement en parallèle des musées nationales nous en fournit avec une méthode à caractériser les similarités de traditions de recherche entre l’Europe et l’Amérique du Nord. Par conséquent, cette communication cible deux explorations: 1) à quel point les impulsions écossaises et européenes avaient-elles dirigé les formations de collections archéologiques et ethnologiques, comme celle de la Commission géologique du Canada, et 2) à quel point les études au Canada avaient-elles influencé la pensée à propos du passé en Grande-Bretagne et en Irlande. Lancées sur la piste, ces explorations nous encouragent à critiquer les idées colonialistes simple. Your employment therefore in the New World, amongst the host of ill-understood remains of antiquity there, is to be desired by every one who would wish to see the mysterious questions of the New World cleared up in our own times.
Chez les Salish de la côte, vivant dans le bassin versant de l’estuaire de la rivière Fraser et de ses affluents, comme ailleurs sur la côte du Nord-Ouest, l’environnement bâti était une composante fondamentale de l’expression culturelle. La construction et l’entretien continu des maisons, en particulier, représentaient à la fois une inspiration et un reflet de l’identité sociale de leurs occupants. Dans le cadre de cette étude, nous avons fouillé les vestiges d’une petite maison semi souterraine et isolée dans la vallée de la rivière Harrison, territoire traditionnel des Chehalis (Sts’ailes) – Salish de la côte – où l’on a découvert des traces d’occupation de deux maisons principales semi souterraines sur une durée de près de 300 ans, ce qui indique une connexion à long terme avec le lieu. Aux fins de cet article, nous établissons un lien entre les données spatiales et temporelles de notre recherche archéologique et les indications que nous ont fourni les sources ethnographiques régionales et le savoir autochtone local. Rassemblés, ces faisceaux d’indices nous permettent d’inférer un certain nombre de choses sur l’identité des occupants de ces maisons semi souterraines et de reconnaître l’importance de l’environnement bâti en tant que véhicule de communication pour les relations sociales.
Les peuples inuits ont influencé de mille façons le paysage du Nord Labrador. Cette étude explore leur effet sur la composition élémentaire des sols sous leurs quartiers d’hiver dans trois colonies de peuplement. Les objectifs de ce travail étaient d’élargir l’éventail des éléments d’enrichissement trouvés dans les sols associés aux habitations des Inuits et d’examiner les variations dans ces enrichissements, pour arriver à se représenter comment ceux-ci utilisaient l’espace intérieur de leurs habitations. Six de celles-ci ont été testées par échantillonnage stratifié systématique. Des analyses multi-éléments par fluorescence X et par spectrométrie de masse couplée à un plasma induit ont découvert d’importantes concentrations de phosphore, soufre, baryum, plomb, hafnium, césium, lanthanum et europium dans les échantillons pédologiques des sites archéologiques par comparaison à ceux tirés des sols environnants. Ces enrichissements sont liés à l’utilisation de l’huile des mammifères marins comme source d’éclairage, à l’emploi de baleines dans la construction des surfaces de couchage, ainsi que de matériaux de construction recyclés et de produits venus d’Europe. Les variations dans la concentration des éléments selon les habitations indiquent que l’étude culturelle des profils pédologiques peut aider à identifier les processus de stabilité et de changement dans l’utilisation de l’espace intérieur des habitations.
L’archipel des îles Dundas, sur la côte nord de la Colombie-Britannique, est situé à proximité d’une « zone charnière » entre deux régions ayant eu une histoire très différente en ce qui concerne le niveau de la mer durant la transition entre le Pléistocène et l’Holocène : jusqu’à 200 mètres de régression marine verticale à l’est et 150 mètres de transgression verticale à l’ouest. En se basant sur les identifications des diatomées ramassées par carottage de lacs, combinées à des indices relatifs des niveaux de la mer, nous avons élaboré une courbe du niveau de la mer pour les îles Dundas qui montre une lente régression jusqu’à l’époque moderne, de plus de treize mètres, des lignes de rivage au cours des 12,000 dernières années. Cette histoire du niveau de la mer a permis de dater des sondages de sites archéologiques remontant au-delà de 5000 ans avant le présent. Des sondages et des échantillonnages de ces sites ont montré des occupations le long du rivage en régression depuis une période aussi ancienne que 9690 avant le présent. Les élévations, stratigraphies et datations radiocarbones des matériaux archéologiques concordent avec la courbe du niveau de la mer basée sur des points de référence paléo-environnementaux. Cette méthodologie de recherche a procuré des données archéologiques correspondant au début de l’Holocène pour le territoire côtier Tsimshian, ce qui pourra potentiellement permettre à l’archéologie de remonter jusqu’à l’époque du Pléistocène.
Dans l’Arctique canadien de l’est, un changement dans les stratégies du choix des pierres utilisées pour la fabrication d’outils depuis le Pre-Dorset (4500–2800 B.P.) jusqu’au Dorset (2500–1000 B.P.) a été interprété comme l’une des preuves d’un changement culturel pendant le continuum Paleo-Eskimo. Les tailleurs de pierre Pre-Dorset semblent avoir utilisé des cherts faciles à obtenir localement, tandis que les tailleurs de pierre du Dorset discriminaient plus. Ils choisissaient fréquemment des pierres rares ou non-locales, telles que le quartz du nord du Labrador, les cristaux de quartz et la néphrite, parmi d’autres. Notre analyse récente d’un assemblage de débitage dans LeDx-42, un site Paleo-Eskimo situé à l’intérieur au sud de l’île de Baffin et comportant des niveaux Pre-Dorset et Dorset, avait pour but de déterminer si des signes semblables dans le choix des pierres pourraient être mis en évidence grâce à une méthode nouvelle pour déterminer l’origine des pierres taillées en chert. L’un des objectifs de cette étude préliminaire était d’évaluer si la diversité des stratégies dans le choix des cherts pourrait être utilisée comme proxy pour évaluer les liens possibles entre l’affiliation culturelle et les aires d’activité sur le site. Ce rapport décrit le protocole de recherche de l’origine des pierres, et discute nos résultats concernant l’exploitation des cherts pour la fabrication d’outils de pierre dans le site LeDx-42 pendant la période Paleo-Eskimo.
Les données archéologiques du canyon de la rivière Fraser en Colombie-Britannique offrent des opportunités considérables d’accroître nos connaissances à propos de la densification de villages agrégés ainsi que les relations sociales complexes parmi leurs populations de chasseurs-cueilleurspêcheurs. Nos recherches dans la région démontrent d’abord que ces villages apparurent peu après 2000 ans avant le présent et qu’ensuite ils augmentèrent de taille durant le millénaire subséquent. De plus, certaines disparités matérielles entre unités domestiques se manifestèrent au cours des trois siècles qui précèdent l’abandon des sites. Ces trouvailles sont en contraste avec les conclusions élaborées par Hayden durant les années 80. Hayden et Mathewes (2009) offrent à présent une vaste critique des résultats récents. Face à une nouvelle génération d’archéologues qui entame des projets dans cette région de la rivière Fraser, l’heure est non seulement propice pour prendre compte de l’état actuel des connaissances mais aussi pour souligner de nouveaux modèles théoriques, hypothèses, et approches méthodologiques (ex. méthodes géophysiques appliquées) afin de guider le développement de la recherche archéologique au vingt-et-un siècle.
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ISSN: 0705–2006 | ISSN: 2816-2293 (online)