Journal canadien d'archéologie volume 40, numéro 2 • 2016
Articles
J. Victor Owen, John D. Greenough, Megan Himmelman, Stephen T. Powell
Trente-trois tessons (dont 14 contenant un dégraissant coquiller et 19 un dégraissant granulaire et des échantillons de sédiments locaux (sable et argile, le cas échéant) provenant de six sites Mi’kmaw pré-européens de la partie sud de la Nouvelle Écosse continentale ont été analysés afin de déterminer leur composition minéralogique et chimique globale. Les résultats ont été comparés à ceux obtenus sur des échantillons provenant d’un site autochtone longuement utilisé (BdDk-1), situé près de l’embouchure de Bear River, dans le bassin d’Annapolis. La région avoisinante autour de quatre de ces sites (à Brighton, Port Joli, Wynacht Cove et Frost Fish Cove), tous côtiers, est dépourvu d’argiles de surface, mais des quantités abondantes d’argiles de bonne qualité se trouvent dans les zones autrefois recouvertes par des lacs glaciaires. Ceux-ci comprennent les deux localités intérieures d’Enfield et de Melanson, ainsi que le bassin d’Annapolis. Les dégraissants granulaires comprennent majoritairement les constituants minéralogiques des granodiorites à biotite trouvés près de Bear River. L’absence quasi totale de muscovite écarte l’utilisation de la monzogranite à deux micas comme dégraissant. La composition minéralogique permet de relier les tessons à dégraissant granulaire au site de Bear River, ce qui est étayé par l’analyse statistique de la composition totale pour la série d’échantillons. Les échantillons à dégraissant coquillé sont dépourvus de clastes de granodiorite, et sont donc distincte en composition, sauf lorsqu’ils sont pauvres en calcium (c.à.d. pauvres en fragments coquillés). La composition des échantillons de Bear River comportent des similarités avec celle des échantillons à dégraissant coquillés provenant de sites le long de la côte atlantique, ce qui suggère une origine commune. Notre hypothèse est que des poteries du bassin d’Annapolis étaient distribuées vers d’autres sites de la province par voie navigable.
Laetitia Métreau, Jean Rosen, Caroline Girard, Réginald Auger
Les typologies stylistiques nordaméricaines utilisées pour l’identification et la datation des faïences françaises retrouvées en contexte colonial (XVIIe–XVIIIe siècles) reposent sur des catégories régionales restrictives, souvent trompeuses, qui peuvent aboutir à des raccourcis et à des interprétations erronées. Depuis les années 1980, l’archéologie des sites de production français, éclairée par une archéométrie raisonnée, a révélé que le paysage faïencier était plus complexe qu’il n’y paraissait et que la corrélation forme/ décor–centre de production n’était pas adéquate pour identifier les productions. Les 19 types chrono-thématiques alternatifs définis suite au réexamen de la collection de référence de la Place-Royale, à Québec, permettent non seulement d’envisager au moins trois fois plus de zones de provenance probables mais aussi d’uniformiser le vocabulaire de part et d’autre de l’Atlantique tout en favorisant les comparaisons sur des critères visuels descriptifs stylistiques et non plus géographiques.
Dillon H. Carr, William A. Lovis
Caches biface peuvent être l’un des aspects les plus distinctifs et les plus énigmatiques du comportement Paléoindien. Ici, nous contribuons à la discussion de ce phénomène en présentant une analyse et l’interprétation d’un cache de biface jusqu’ici inédit, composé de 24 bifaces ovales et un seul gros flocons blancs, documentés en 1981 de la localité Round Lake (20-Cl-227), Comté du Clinton, Michigan, États-Unis. Analyse des attributs métriques et non-métriques soutenir une interprétation que les bifaces mises en cache sont, plus probable que non, début Paléoindien en âge, et sont très probablement attribuables à la phase de Gainey Fluted Point (environ 11,500-10,800 14C B.P.). De plus, le cache se distingue par un degré élevé de standardisation, et représente le même point intentionnel dans la chaîne opératoire de fabrication cannelée biface, ce qui suggère la production par une seule personne. Comme un complément nécessaire à l’analyse technologique du cache, nous situons notre interprétation du cache Round Lake dans le contexte régional plus large du comportement Paléoindien des Grands Lacs.
Notes de recherche
Kim Edwards, Dale Allen Walde, Anne Katzenberg
The Cluny Fortified Village Site (EePf-1), a Protocontact site (A.D. 1400– 1750), has been assigned to the One Gun phase of southern Alberta. While culturally distinct, certain aspects of ceramic decoration and fortification construction are similar to counterparts in the Northeastern Plains Village complex (Toom 2004). Northeastern Plains Village complex sites represent maize horticulturalists in portions of North Dakota, and parts of southern Manitoba and are considered to be an archaeological culture separate from but contiguous with Middle Missouri tradition villages of the Dakotas (Toom 2004). Due to general similarities with maize horticultural cultures to the south and east, it is reasonable to look for evidence of maize at Cluny where it may have been grown, or present as a trade item. The present study addresses this question using stable carbon and nitrogen isotope analysis of archaeological bone collagen. No human remains were found at Cluny, so bone collagen from dogs was used as a proxy. Bone collagen from bison was also analysed because bison feed on both C3 and C4 grasses, and therefore consumption of bison by dogs may result in stable carbon isotope ratios that mimic maize consumption. Bison remains had a predominantly C3 plant signature. Dogs at Cluny were consuming little or no maize based on stable isotope analysis of their collagen. Based on the canine surrogacy approach, these results indicate that maize was not a significant part of the diet at Cluny, so while some cultural characteristics of the site reflect a Northeastern Plains Village affiliation, diet is not one of them.
On admet généralement que le site du Village fortifié de Cluny (EePf-1), site de la période protocontact daté d’entre 1400 et 1750 de notre ère, appartient à la phase « One Gun » du sud de l’Alberta. Bien que celle-ci soit culturellement distincte, certains aspects de la décoration des céramiques et des fortifications sont similaires à leurs homologues du complexe du « Village des plaines du Nord-Est » (Toom 2004). Les sites de ce complexe indiquent la présence de cultivateurs de maïs dans certaines parties du Dakota du Nord et du sud du Manitoba, et l’on considère qu’il s’agit d’une culture archéologique distincte mais proche des villages des Dakotas de la tradition du « Middle Missouri » (Toom 2004). En raison de ressemblances d’ensemble avec les cultures des cultivateurs de maïs du sud et de l’est, il est raisonnable de rechercher des traces de maïs à Cluny, où il pourrait avoir été cultivé ou acquis en tant que marchandise de traite. Notre recherche aborde cette question par une analyse du collagène des vestiges osseux archéologiques au moyen de l’étude des isotopes stables du carbone et de l’azote. Le site de Cluny n’a livré aucun ossement humain, aussi nous avons utilisé comme substitut du collagène d’os de chiens. Nous avons également utilisé du collagène d’os de bisons car le bison se nourrit d’herbes C3 et C4, et par conséquent, la consommation de bison par les chiens peut résulter en ratios d’isotopes stables du carbone semblables à ceux de la consommation de maïs. Le C3 prédomine dans la signature végétale des restes de bison. À Cluny, les chiens consommaient peu ou pas de maïs, si l’on se fie à l’analyse des isotopes stables de leur collagène. À partir de cette approche par substituts canins, les résultats indiquent que le maïs ne constituait pas une partie importante du régime alimentaire à Cluny, aussi, bien que certaines caractéristiques culturelles du site indiquent une affiliation à la culture du Village des plaines du Nord-Est, le régime alimentaire n’en fait pas partie.
Jennifer Birch, Carley A. Crann, Jean-Luc Pilon
Advances in laboratory methods and chronological modeling have greatly refined the practice of radiocarbon dating, permitting more precise age-estimates for archaeological sites and materials than have been previously possible. This report presents new AMS dates on maize and bone collagen from a European-worked needle case from the St. Lawrence Iroquoian Roebuck site. Those dates are then re-presented within a series of Bayesian models to illustrate the benefits of chronological frameworks which include prior information. The results produce an estimate of Roebuck’s occupation as beginning cal A.D. 1474–1568 and ending cal A.D. 1524–1587 (2 sigma), placing the needle case in the very early protohistoric period.
Des développements récents de méthodes en laboratoire ainsi que la modélisation des données chronologiques ont permis des raffinements importants de la datation au radiocarbone. On peut dorénavant obtenir des estimés d’âges de sites archéologiques et de matériaux qui sont plus précis qu’auparavant. Nous présentons les résultats des nouvelles datations utilisant la spectrométrie de masse par accélérateur (AMS) de grains de maïs et de collagène d’os obtenu d’un porte-aiguilles de fabrication européenne trouvés sur le site Iroquoïen du St-Laurent Roebuck. Ces datations sont présentées à l’aide d’un modèle bayésien afin d’illustrer les avantages d’un cadre chronologique qui incorpore des connaissances préalables. Ainsi, la période d’occupation du site Roebuck aurait commencé entre A.D. 1474–1568 (calibré) et se serait terminée entre A.D. 1524–1587 (calibré) (2-sigma). Le porte-aiguilles remonte donc au tout début de la période protohistorique.
Comptes-rendus
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